vendredi 10 septembre 2010

Cure de jouvence… un régime sans stress

Ce passage du roman d'Henri Vincenot, La Billebaude, est d'autant plus savoureux que l'auteur a été journaliste :
Mais il avait voulu, lui aussi, coiffer le casque écouteur et entendre la bonne parole "radiodiffusée", et en quelques instants, il avait appris tant de catastrophes et de menaçantes foutaises, qu'il avait piqué une colère noire. D'un seul coup, il avait été informé du krach de Wall Street., de plusieurs crimes odieux, de la chute du ministère, et enfin de l'arrivée de la Crise, la Grande Crise1, et il s'était mis à manger moins, à ne plus pouvoir s'endormir avant neuf heures du soir, à rabrouer son monde. On n'entendait plus son rire en hahaha ! Les femmes elles-mêmes n'osaient plus chanter cantique. Bref, la famille sombra, en quelques jours, dans la plus noire des hypocondries, écrasée par la plus maligne des maladies épidémiques :
L'INFORMATION !
Le grand-père le comprit le premier. Un jour que le bavard du micro rendait compte de l'effondrement des cours, de "l'effroyable montée du chômage", des grèves et des premières occupations d'usines, je le vis se congestionner comme un coq-dinde amoureux, arracher les écouteurs, en faire, avec le fil de prise de terre, un paquet qu'il envoya directement dans les cendres de la cheminée en criant :

– … Mais qu'est-ce que j'en ai à faire de vos goguenettes et de vos parigoteries ?… Vous voyez pas que je vais en perdre salive avec leurs racontars ?… Vous voyez pas que ce sacré vains dieux d'appareil va me ruiner l'appétit et me gâcher mon bon temps ?… Allez, allez, gamin ! va me jeter ça sur le fumier !

Puis, se reprenant :

– … Non, pas sur le fumier. Ça serait encore capable de faire avorter mes salades !… Va mettre ça où tu voudras, mais ne ramène jamais cette espèce d'encolpion dans notre maison !

Mon grand-père venait, sans peut-être s'en rendre compte, de prolonger sa vie de vingt ans et sans doute davantage. Et il reprit bien vite ses allées et venues et son air magnifique.
1. Celle de 1930-1935.
La Billebaude, par Henri Vincenot, aux Éditions Gallimard (Folio).

Par curiosité, j'ai tapé [presse "bonnes nouvelles"] dans Google, comme ça, pour voir.

À ma grande surprise, j'ai trouvé des blogs et des sites qui mettaient cette idée en pratique.

Dont celui-ci…

http://www.des-bonnes-nouvelles.org/

2 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Je suis complètement d'accord. Il y a assez longtemps, je me réveillais avec un radio réveil et, les nouvelles !!!!
    Je me suis aperçue que je ne voulais pas me lever et j'ai arrêté de mettre les nouvelles qui n'étaient que des mauvaises nouvelles. C'était trop décourageant de se lever pour un monde qui allait si mal !
    Beaucoup moins de problèmes à me lever depuis.
    Je suis allée sur le site des bonnes nouvelles et j'ai adoré ! J'ai décidé d'y aller les matins dès que je le pourrai.
    Merci - Joëlle Messac

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  2. Un radio-réveil… j'avais oublié cet ustensile de torture mentale. "Bonjour, ici Radio-cauchemar, nous espérons que vous avez fait de beaux rêves."

    Chez Nature & Découverte et d'autres boutiques civilisées "respectueuses de l'environnement", ils ont des réveils avec des chants d'oiseaux, des bruits de source qui glougloute, de vagues qui s'échouent sur la grève…

    Quand "respecter l'environnement" commence par le respect de soi-même.

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